Je soulève une nouvelle fois le problème des plages et les réponses fusent plus politique que concrète, plus pour se dédouaner que pour reconnaître leurs erreurs

 

Saint-Laurent-du-Var : une ville balnéaire privée de baignade Triste constat pour une station censée vivre de son littoral : à Saint-Laurent-du-Var, plages et piscine municipale ferment régulièrement, parfois en plein été, privés habitants comme touristes du plaisir de se baigner. Les arrêtés d'interdiction s'enchaînent depuis des années, sans que de véritables solutions durables ne soient mises en place. Conséquence directe : des restaurateurs et commerçants fragilisés par la baisse de fréquentation, des vacanciers déçus, et une image particulièrement écornée. La municipalité se contente de fermer, mais qu'entreprend-elle réellement pour garantir un littoral et des équipements à la hauteur des attentes ?

Réponse d'Eric Capomaccio 

Bonsoir Patrick, affirme que la municipalité « se contente de fermer » les plages est inexacte, et surtout profondément injuste au regard de la réalité des actions engagées depuis plusieurs années et notamment depuis deux ans avec détermination, transparence et méthode.

Il est par exemple faux de dire que toutes les plages sont fermées. En cet été 2025 :

- Les plages des Flots Bleus, des Goélands et des Vespins sont ouvertes à la baignade, surveillées, et les analyses réalisées par l'ARS sont très largement conformes :

- 50 prélèvements réalisés depuis juin,

- 84 % des résultats classés « bons »,

- 0 prélèvement en « mauvaise » qualité .

Oui, les plages Cousteau et Landsberg restent fermées par décision administrative, mais dans une logique de précaution sanitaire, validée par l'ARS. La pollution de 2024 située à la Step a été un choc, et la municipalité a assumé sa responsabilité.

Contrairement à ce que vous suggérez, la municipalité n'a jamais « attendu ». Voici ce que la Ville, la Métropole et la Régie Eau d'Azur ont déjà entrepris :

- Remplacement de 5 trains de membranes sur 6 à la station d'épuration,

- Saisine du parquet et ouverture d'une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements passés,

- 4 millions d'euros investis depuis 2022 dans les équipements de traitement,

- Lancement d’un projet de bassin tampon d’ici 2027,

- Préparation du raccordement à la future station Haliotis 2, solution définitive prévue pour 2031.

Ce sont là des engagements concrets, à long terme, qui dépassent les discours et répondent durablement aux enjeux environnementaux, économiques et sanitaires.

Concernant les restaurateurs et commerçants fragilisés par la baisse de fréquentation, les dernières publications du Parisien (édition du 23 août 2025) pour exemple confirment que l’ensemble du pays a connu un été en demi-teinte sur le plan économique, en raison :

- du pouvoir d’achat contraint,

- d’une consommation plus mesurée,

- et d’un tourisme national plus mobile mais aussi plus frugal.

Selon Circana (données relayées par Le Parisien), les Français ont massivement réduit leurs dépenses sur place, privilégié les pique-niques, les achats en grande surface, et les destinations économiques ou de proximité.

La baisse de fréquentation observée dans certains restaurants ou commerces n’est donc pas liée à la qualité de l’eau - d’autant que les fermetures de plages cet été se comptent sur les doigts d’une main) ou à la communication locale, mais bien à une conjoncture nationale, que vivent également d’autres villes littorales.

 

Patrick Villardy : ,

Je prends acte de votre réponse, mais permettez-moi d’apporter plusieurs précisions.

Tout d’abord, personne ne nie que certaines plages soient aujourd’hui rouvertes, et heureusement ! Mais réduire le débat à quelques chiffres ponctuels, alors que plusieurs sites restent fermés depuis des mois, c’est éluder le fond du problème : pourquoi en est-on arrivé là ?

Vous évoquez des actions engagées depuis deux ans. Mais c’est justement là que le bât blesse : pourquoi a-t-il fallu attendre la crise de 2024, des pollutions massives et une fermeture brutale des plages pour enclencher enfin ces procédures ?

  • Les dysfonctionnements de la Step étaient connus de longue date.
  • Les alertes d’associations, de riverains et même de techniciens n’ont pas manqué.
  • Et pourtant, les investissements lourds (membranes, bassin tampon, raccordement à Haliotis 2) n’ont été réellement annoncés qu’après que la situation ait explosé au grand jour.

Autrement dit : on n’a pas anticipé, on a réagi sous la contrainte.

Quant à la responsabilité, vous la revendiquez a posteriori, mais ce sont les habitants, les commerçants et l’image de la ville qui ont payé — et paient encore — le prix de ces retards. Que la conjoncture nationale pèse sur le tourisme, nul ne le conteste. Mais faire croire que la pollution locale et les fermetures de plages n’ont aucun impact supplémentaire est difficilement crédible : chacun sait qu’une commune littorale qui ferme ses plages souffre plus que les autres dans ce contexte.

En résumé :

  • Oui, les mesures engagées aujourd’hui vont dans le bon sens.
  • Non, elles ne suffisent pas à effacer des années de sous-investissement et de gestion trop tardive.
  • Et surtout, il est légitime de demander pourquoi la municipalité n’a pas pris les devants avant que la crise n’éclate, plutôt que de présenter aujourd’hui comme “volontaristes” des actions qui auraient dû être la norme depuis longtemps.

C’est précisément cette perte de temps, et les conséquences qu’elle a entraînées, qui expliquent la défiance actuelle.

 

La ville de Saint Laurent du var répond pour aider le membre de l'équipe municipale

Patrick Villardry Bonsoir Monsieur. Vous avez raison sur un point essentiel : la crise de 2024 a été un révélateur brutal d’une situation devenue intenable.

Oui, les dysfonctionnements de la station d’épuration (STEP) étaient documentés. Oui, des signaux faibles existaient.

Mais la complexité du système d’exploitation délégué à l’époque, l’opacité des données fournies, et la difficulté d’établir formellement la responsabilité technique ont retardé les décisions les plus lourdes.

Ce n’est qu’à partir de l’été 2022, lorsque la régie publique Eau d’Azur a repris la gestion directe, que des anomalies ont pu être vérifiées, documentées et opposées à l’exploitant sortant. Et c’est bien ce faisceau d’indices qui a conduit :

- au signalement au procureur (article 40),

- à la rupture du contrat avec l’ancien prestataire,

- et à la mise en œuvre des investissements structurants dès 2023.

Autrement dit, nous n’avons pas tardé par inertie, mais parce que les outils juridiques et techniques pour agir n’étaient pas pleinement maîtrisables avant ce tournant.

La municipalité ne présente pas comme « volontaristes » des décisions par opportunisme. Elle les assume comme nécessaires, attendues et structurantes :

- Remplacement de 5 trains de membranes sur 6 ;

- Mise en œuvre d’un bassin tampon d’ici 2027 ;

- Raccordement programmé à Haliotis 2 ;

- Communication régulière, en lien avec l’ARS, sur l’état sanitaire réel des plages ;

- Résultats en progression : 84 % des prélèvements classés « bons », aucune fermeture systémique depuis juin 2025 .

La municipalité ne cherche pas à réécrire l’histoire, mais prends ses

responsabilités dans un cadre légal, environnemental et financier contraint.

Alors M. Villardry nous vous invitons à regarder la réalité pour ce qu’elle est en 2025, à savoir, moins de fermetures, des résultats sanitaires fiables, un programme d’investissement engagé, des responsabilités juridiques en cours d’examen.

 

Patrick Vilardry :

Votre réponse est bien structurée, juridiquement cadrée et politiquement habile. Elle permet de défendre l’action municipale tout en donnant l’image d’une équipe responsable et réactive. Toutefois, elle présente plusieurs caractéristiques qui en font avant tout une réponse de communication politique, particulièrement sensible dans un contexte électoral :

1. Un récit centré sur la légitimation a posteriori

Vous insistez sur l’impossibilité d’agir avant 2022 en raison de la complexité du système délégué.

Cet argument, à plusieurs reprises, donne l'impression d'une justification rétrospective destinée à protéger la municipalité plus qu'à éclairer les citoyens.

2. Des éléments techniques et juridiques mis en avant, mais sans transparence totale

Vous évoquez l'opacité des données, les signaux faibles et les responsabilités juridiques en cours sans préciser de chiffres, de rapports publics ou de documents accessibles aux habitants.

Cela entretient l'idée que l'information reste captée par les élus et les services, plutôt que réellement partagée.

3. Une mise en valeur des résultats sanitaires sans mise en contexte

L'annonce des 84 % de prélèvements bons est positive, mais le lecteur n'a aucun élément de comparaison avec les années précédentes ni de référence claire aux seuils européens.

Cela peut donner l'impression d'une sélection d'indicateurs favorables, plus que d'une transparence complète.

4. Un ton clairement politique et électoral

Le texte ne s'adresse pas seulement à M. Villardry, mais vise à convaincre un lectorat plus large (habitants, électeurs).

Le vocabulaire présumé , les investissements structurants , résultent en progression est typique des éléments de langage en période électorale.

Pistes constructives d'amélioration

Publier davantage d'informations brutes : mettre en ligne l'historique des prélèvements, les rapports de l'ARS, les audits techniques, pour sortir d'une communication uniquement descendante.

Comparer les résultats : présenter des courbes d'évolution des fermetures de plages ou de la qualité de l'eau sur 5 ou 10 ans, afin de donner un contexte objectif.

Reconnaître plus clairement les limites actuelles : expliquer ce qui n'est pas encore résolu (fragilités persistantes du système, délais d'infrastructures, contraintes de financement), pour éviter le reproche de discours trop lisse.

Parler aux citoyens plus qu'aux adversaires : reformuler certains passages pour montrer que la priorité n'est pas la polémique politique, mais la santé publique et la confiance des habitants.

En résumé, votre texte est solide sur le plan politico-institutionnel, mais il risque d'être perçu comme une réponse stratégique de campagne si vous ne l'accompagnez pas de données accessibles, de comparaisons factuelles et d'une reconnaissance claire des zones d'ombre.

 

villardry2026.fr